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Sciences Economiques & Sociales - Bogota
14 octobre 2004

FMI:portrait, art Le Monde

Le FMI, portrait d'une organisation internationale
CADRAGE | LEMONDE.FR | 12.05.03

Rarement organisation internationale aura été autant brocardée. Bras armé de la vulgate néo-libérale pour les uns, institution financière désuète pour les autres, le Fonds monétaire international (FMI) est la cible, depuis plus de dix ans, de toutes les critiques. Décrié pour son incapacité à prévoir les crises autant que pour les solutions qu'il y apporte, faut-il supprimer ou réformer cette institution ?

Acteur central de la mondialisation, le FMI a vu ses missions évoluer depuis sa création en 1945. Chargé de surveiller la situation économique et financière de ses 183 membres, il est amené, en cas de crise, à intervenir dans les économies par le biais de prêts temporaires. Alimentées par les cotisations des Etats membres, les caisses du FMI fournissent à ceux-ci une capacité d'emprunt exceptionnelle. Les contributions, ou quotes-parts, versées par chaque pays sont fonction de son poids économique, évalué à partir de critères comme le produit intérieur brut ou les réserves en devises. Elles sont révisées tous les cinq ans au moins — augmentée de 45 % en 1999, leur masse totale est de 186 milliards d'euros. De cette quote-part dépend non seulement le montant de l'aide financière qu'un pays peut obtenir du Fonds, mais aussi le nombre de voix qui lui sont attribuées au sein de l'institution.

Au principe "un pays, une voix" appliqué par des organisations internationales comme les Nations unies, le FMI a préféré celui du "un dollar, une voix". A un quota automatique de 250 voix s'ajoute un nombre de suffrages proportionnel aux quotes-parts versées. Il en découle qu'un pays comme les Etats-Unis (quote-part : 32 650 millions d'euros) possède à lui seul le 17,16 % des droits de vote (soit 371 743 votes), très loin devant le plus petit contributeur, Palau, et ses 281 voix (0,013 % des votes).

(Lire également l'article  Le FMI va tenter d'"ordonner" la libéralisation des mouvements de capitaux )

Le partage du pouvoir au FMI favorise donc la mainmise des économies dominantes sur l'institution. Au sein du conseil des gouverneurs, l'organe suprême du FMI, tous les pays membres sont représentés par des gouverneurs - généralement ministres des finances ou gouverneurs de la banque centrale de leur pays. Avec le système des représentations pondérées, les Etats-Unis peuvent, sur certaines décisions particulièrement importantes requérant 85 % des voix, déterminer à eux seuls l'issue d'un vote : modifications des structures du FMI, changement de cotisations, utilisation des réserves en or.

Mais la majorité des décisions est déléguée au conseil d'administration (des orientations lui sont toutefois transmises par le comité monétaire et financier, émanation du conseil des gouverneurs). Au sein du conseil d'administration, huit administrateurs représentent chacun un pays : les Etats-Unis (17,16 % des votes), le Japon (6,16 %), l'Allemagne (6,02 %), la France et la Grande-Bretagne (4,97 % chacune) sont les cinq principaux contributeurs, auxquels s'ajoutent la Chine, la Russie et l'Arabie saoudite. Les 175 autres Etats membres sont représentés par 16 administrateurs, chacun en charge d'un groupe de pays. Le plus puissant de ces administrateurs détient à peine plus de 5 % des voix ; celui du groupe le moins puissant, réunissant 23 pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, 1,16 %. Le conseil d'administration élit le directeur général. Ce dernier, personnage central dirigeant cette puissante administration, dispose du pouvoir de trancher en cas d'égalité exacte et très improbable des votes. L'élection du directeur fait cependant l'objet de polémiques puisqu'elle découle d'un accord historique instituant que la Banque mondiale soit dirigée par un Américain, le FMI par un Européen (secondé par un Américain), à lexclusion de représentants issus d'autres continents.

(Lire également l'article  Berlin présente un nouveau candidat pour la direction du FMI  )

Cette puissance évidente de pays défenseurs d'un modèle libre-échangiste (voir le "consensus de Washington" en annexes) influe sur les préoccupations affichées par le FMI. Cela se traduit dans les statuts du Fonds - demandant aux membres d'éviter toute "dépréciation concurrentielle des changes" -, dans les critères retenus pour effectuer ses évaluations annuelles, et dans les conditions qu'il impose aux pays auxquels il consent des prêts. L'objectif des prêts est de rétablir la balance des paiements du pays intéressé, afin de le rendre capable de financer ses importations, et d'éviter les "mesures préjudiciables à la prospérité nationale et internationale" : protectionnisme, dévaluation compétitive...

Le FMI ne débloque des crédits que par tranche, et après conclusion d'un accord imposant au pays débiteur un programme de redressement dont le respect conditionne l'obtention des tranches successives. Ce programme, défini dans une lettre d'intention adressée par le gouvernement concerné au directeur général du FMI, est ensuite soumis au conseil d'administration, qui choisit de l'adopter ou de le rejeter. S'il affirme rechercher une solution adaptée à chaque situation donnée, le FMI recourt presque systématiquement aux mêmes recettes : mesures fiscales, privatisations d'entreprises publiques, assouplissement du marché du travail sont les éléments de ce que certains nomment le "prêt-à-réformer" du FMI. Une politique "programmée par les pays occidentaux pour les pays occidentaux", selon le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz.

Vincent Fagot

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